La Canción pianistique

 

Tout comme les cantantes au début du siècle se réunissent chez l'un ou chez l'autre pour faire connaître leurs créations, la nouvelle génération de musiciens se retrouve pour écouter leurs compositions ou interprétations, mais aussi les disques de chanteurs ou musiciens américains. Depuis les années vingt les formations de Jazz américaines se présentent dans les grands hôtels de La Havane et peu à peu le blues, le Jazz pénètrent le monde musical cubain. Le développement de la radio, du disque, accélère ces processus et à la fin des années trente la musique de Jazz, Ella Fitzgerald, Billie Holiday, Louis Armstrong, Benny Goodman, Cab Calloway, Tommy Dorsey ... ont peu de secrets pour les musiciens cubains. La musique européenne, Ravel, Debussy... est également bien connue.
Les inquiétudes de ces jeunes rencontrent également les récentes transformations apportées par Nilo MENÉNDEZ et Vicente "Guyún" GONZÁLEZ-RUBIERA à l'évolution du bolero et de la canción . Elles trouvent aussi un écho chez les grands maîtres cubains LECUONA, ROÍG, GRENET qui, tout en composant des œuvres lyriques, restent liés à la musique populaire et lui fournissent fréquemment des compositions.
Parmi les membres de cette génération figurent plusieurs jeunes pianistes, chanteurs de très grande qualité. Isolina CARRILLO et sa célèbre composition "Dos gardenias" de 1948 , Juan Bruno TARRAZA, Felo BERGAZA, Orlando de la ROSA vont créer une nouvelle façon d'interpréter la canción en s'accompagnant du piano, et en laissant de côté la traditionnelle guitare du trovador.


Isolina Carrillo, Orlando de la Rosa, Juan Bruno Tarraza
Photographies Archives Tumbao, Barcelona.

La canción pianística, -la chanson pianistique- occupe ainsi une partie des années quarante et s'inscrit dans le mouvement de renouveau de la chanson qui va déboucher sur le mouvement du Feeling.
Sous l'impulsion de ces pianistes vont se constituer des groupes vocaux se démarquant des traditionnels duos et trios de la Vieja Trova. L'organisation des voix commence ses transformations. Parmi les plus importants de ces trios ou cuartetos harmoniques figurent ceux des "Hermanas MÁRQUEZ ", les cuartetos de Bobby COLLAZO, celui de Facundo RIVERO et surtout le "CUARTETO Orlando de la ROSA" composé de quatre voix, dont les voix féminines de Elena BURKE , Moraima SECADA, Haydée et Omara PORTUONDO.

© Patrick Dalmace

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Canción et Bolero: Entre tradition et renouveau.

Le Mouvement du Feeling.
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